30 septembre, 2011

quote quote quote quodète

 pouet, pouet, achtung





juste la tête étouffée dans le dehors et l'écart pynchonien (et essayez ce genre d'adjectif, c'est une ivresse linguistique facile -), la faille du normal, le brouillage du réel, le désert innomé ; comme une dérive vagabonde, une noyade réformée
 



Et cela continuait. Oedipa, en voyeuse, écoutait. Elle rencontra ensuite un soudeur qui avait la gueule toute de travers et qui semblait très content d’être aussi laid ; un gosse qui errait dans la nuit en regrettant la mort d’avant la naissance, comme certains paumés regrettent la douce berceuse vide d’une communauté ; une négresse avec dans le gras enfantin de la joue la marbrure compliquée d’une cicatrice ; elle allait de fausse couche en gausse couche pour des raisons différentes à chaque fois, avec la même délibération que d’autres apportent aux rites de la naissances, consacrée non pas à la continuité mais plutôt à une sorte d’interrègne ; un veilleur de nuit vieillissant en train de mâchonner une barre de savon Ivory Soap : il avait un estomac virtuose qu’il avait habitué à accepter également les lotions, l’Air-Wick solide, le tissu, le tabac et la cire, dans l’intention désespérée d’assimiler tout cela, promesses, productivités, trahisons, ulcères, avant qu’il ne soit trop tard ; et même un voyeur, planté à la poursuite de Dieu sait quelle image. Et comme décor pour tous ces égarements, en décalcomanies, en gribouillages vagues, il y avait toujours le fameux cor de chasse. Elle en vint à tellement le guetter que peut-être ne le vit-elle pas autant que, plus tard, elle le crut. Deux ou trois fois, ç’aurait été assez. Ou trop.






 Extrait tiré de Vente à la criée du lot quarante-neuf, Thomas Pynchon, p142 (édition poche points)

21 septembre, 2011

grand A petit j



je suis rentré froid chez moi, sans odeur, la tête dans le vent et remplie des plus belles images

j'ai laissé pour la nuit le petit corps de Jeanne, bouillant, à l'odeur merveilleuse des choses qui se forment à toute vitesse – et celui d'Alix, dans la fatigue, les sourires, le plus beau des abandons : 

notre union silencieuse -

tout seul chez nous, je n'arrive qu'à les voir toutes deux ; et le monde bouge nerveux autour presque sans mots utiles 


- tout seul maintenant, tout ce que j'arrive à voir, c'est cela - les yeux éveillés ou fermés, une bonne fois pour toute








Jeanne est née le 19 septembre 2011 à 20h22 ; la voici avec Alix, sa maman



(Les deux belles endormies, crédit photo M.A, 21.09.11)

17 septembre, 2011

coup de pied au derche




Vollmann, Vollmann, ça m'dit un truc.

Solde au vert encore, j'achète le bouquin perdu dans le rayon généralités sociologique d'une librairie, las des belles-lettres.

l'amerloque n'est pas à son premier essai - que j'découvre, et on en mangerait bien plus souvent, enfin : celui-ci c'est Poor people ou Pourquoi êtes-vous pauvres ?


du coup, lecture excitante, enquête-raisonnement à l'américaine (le bon côté disons : dynamique, en questionnement, instable), autocritique, fin, globalisation nulle, photos merveilleuses, belles trognes désespérées avec qui on veut pleurer ou sourire, question simple : pourquoi êtes-vous pauvres ? - je conseille absolument (encore une traduction de Claro, hyperactif de la translation) - juste pour l'immense coup de pied au cul aux discours millefeuilles d'organisations débiloss' - là c'est simple et c'est presque du réel, disons.


Et si 10 euros c'est trop cher, je le prête, allez -



11 septembre, 2011

110911 - bdx s.michel


dimanche quatre heures place saint-michel fatigué je regarde, je regarde -




     Sur la place, c'est un festival. On entend plus rien, on entend trop, un amas de parasites sonores (ici, musicaux). Frein à main, passants-bruits, rigolades, gyrophares, verres qui tombent au sol, etc. C'est le raccord qui est important, pas les éléments enchainés - l'unité cohérente. Tout marche. La place est très grande, très grise – par terre, après la brocante du matin, c'est du plastique, des babioles oubliées : la boîte à objets a été percée, il y en a partout maintenant et je glisse dessus.


     Ça sent la cigarette, le vent traverse, les gens sont . Déclinaisons de peaux : faciès-soleil ; faciès-brun ; faciès-clair. Les gens sont perdus, gueulent et s'amusent comme des enfants qui cherchent des trésors dans la benne municipale : un vieil homme s'éloigne avec deux tiroirs sous le bras, les autres farfouillent les vases en morceaux. Par terre toujours : cartons éventrés, objets seuls qui roulent, bouteilles éclatées sur lesquelles les vélos passent.


     La place est creusée de partout, les pavés retirés et cachés par des barrières bien laides. Ça fouille la semaine les flancs de la basilique mais ce dimanche là, j'ai surtout l'impression qu'on rit, tout le monde autour rit très humainement. Le décor est terne (ciel/bâtiments/sol/lumière) – ce sont les gens qui portent les couleurs.


     Ici, maintenant, c'est une sorte de danse répétée qui vibre toute la journée, hypnotique et sans mélodie.





(La photo est à construire, dessiner propre, tous les dimanches à la même heure, place Saint-Michel , Bordeaux)

02 septembre, 2011

(méridien de sang, mccarthy, 1985)

mangeant le désert et la fange sèche, jouer aux chevaux par dessus les yeux, pas jouer au monstre, avoir ça en chair - jouer tripes nues sur le sol en os et pas fermer l’œil car voir sans cesse le roi et l'idiot en costume de terre qui dansent effrayants et trop réels et dessiner des fresques de sang sur le flanc des puits sans eau et après rien et après c'est la danse sourde et le soleil-rouge qui se lève tout droit







(young men dead - the black angels)

les deux se parlent, complémentaires de terre argileuse, espace et sueur et saletés et toutes les sortes de beautés nues, tâter les ouvertures devant soi

01 septembre, 2011

planches variables

(photos de m. -île d'yeu, août 2011)










plates encore
tissu bas
se perdre en


-


explosent les
fuites en
couleurs