25 juillet, 2011

SW : 25 juillet = 25 octobre

L'équation est très juste quand on voit la gueule ridicule du ciel. J'ai un peu honte pour lui à vrai dire : il ne cesse de pisser, ou crachoter, ou, ou ou. Un bon sujet en somme.


Regardant alors les photos où il y a de la lumière, comme là :







Lumière, regard, et marche : on fait quelque chose d'un coup.


(photo d'A.x : Tivat, Monténégro, avant l'entrée dans les bouches de Kotor, bouches d'argile. La nuit dans une maison qui grince, et la seule pluie du mois d'août).

14 juillet, 2011

140711



- après la journée qui passe sous le soleil qui creuse la peau. Un jour après avoir déversé ma rage, ma panse d'un quelque chose noir remplie sur les feuilles blanches trouvées dans un coin, je souffle. Le vent dans les oreilles, sur la terrasse chaude, la table blanche qui fait du bruit, un pavé pynchonien, un verre d'ouzo (six glaçons, sec), la conscience accomplie et les rêves qui filent de l'autre côté de la région, j'ai vu le vent dans mes oreilles, dans un sud-ouest qui ne bouge pas. Tout file.





11 juillet, 2011

07 juillet, 2011

pour aW






à a.w, qui n'en verra pas la couleur



Hier soir, j'ai reçu un appel d'un ami très cher. Il avait décidé, deux semaines plus tôt, de s'échapper de ce quotidien ramifié qui était le sien depuis un moment - celui de son entourage, de ses douleurs timides subies pendant l'année, incomprises, et de son avenir toujours drapé d'un voile que lui même ne voulait soulever.

Il plongea dans l'été. Seul cette fois-ci.
Il s'est écorché sur son propre rivage (métaphore que j'aime beaucoup) : l'ivresse de la fuite passée, il a été rattrapé par les insectes cachés sous les décors, portant toutes ses difficultés à construire un être au monde. Elles lui ont grignoté la tête. Je le traduis dans ma langue !

Il m'a parlé surtout, la panse pleine d'une semaine déjà enfouie maintenant. Il a vu deux mers m'a t'il dit, ce jour là. Je sais aussi qu'il était près de là où il venait, étrangement. Et il semblait être arrivé à un premier terme, une première position. Sa voix claire. Résignation positive, pensais-je.
Les menus détails qui avaient rempli sa semaine devenaient alors pour moi primordiaux, je m'y accrochais, sans savoir rien. Je m'y suis vu, un peu. Il y a presque un an, je rodais à la recherche d'un coin où dormir dans les forêts des Rhodopes bulgares, seul, fou, sous les arbres (sous les masques, moi sans), avec une langue à moi seul que j'essayais de faire résonner sans réussir. Sujet instable, les choses floues impossibles à saisir m'entouraient. Puis d'un seul coup, je ne sais comment, tout est devenu muet - je m'y noyais.
La douleur de la corde rompue passée, les choses sont redevenues un tant soit peu exprimables à moi-même et je découpais le monde entier en deux, en trois, en quatre, sûr de moi, m'amusant avec ces morceaux de réel auxquels je m'accrochais. Je vagabondais seul, j'étais roi.

Au téléphone, j'ai comme entendu cette clarté dans ses mots à lui. Comme un sourire transmis, une main sur l'épaule ; intimement - les mots hors. Et de sa part à lui.

Raccrochant, j'étais inexplicable à moi-même.


(Je me relis : inexplicable, oui. Une espèce de nostalgie me visite alors, celle de mes trois derniers étés, avec Alix - avant tout, puis avec les amis qui avaient alors voulu nous suivre dans ces pays où il n'y a rien à voir à part soi. Mais pas l'envie de repartir cette année - nous construisons autre chose, pour d'autres temps. J'ai envie de reprendre maintenant - et pourquoi pas ici - mes notes de voyage et de regrouper les morceaux que j'ai égrainé dans mes cahiers d'écolier, écrivant sur mon genou de l'écriture la plus sale, la plus vitale ces vies que nous vivions ailleurs mais , enfin sur terre).



(crédit photo : Roumanie, fin août 2009, côte mer noire)

06 juillet, 2011

India Song - Marguerite Duras

(India Song, 1975 - j'ai déjà mis un mot à ce propos de ce film dans Page Blanche 01, revue éditée par l'Entre-Dit ; voici une lecture plus fournie, rien qu'à moi toujours -)









    Absences. Amour fuyantes disparues. Indécises.
Une mendiante à qui il ne reste que la voix - chantant un désir. Point. Le jour.
 Sa trajectoire, plutôt que destin, se confond avec celui d’Anne-Marie Stretter, perdue, fragile.

    Elles subissent le même sort : l’oubli, le confinement en elles-mêmes : l’une est meurtrie, malade, pauvre, accablée ; l’autre s’efforce de souffrir à travers des aventures adultères, par mutilations morales ; réponses à une Loi - et écoute la pauvre.

 ...

India song est nature-morte, les fruits oubliés, juste. Désirs dans objets restés objets. Les sentiments inanimés, cachés dans les plis des rideaux, dans les lignes du corps de la femme blanche, entre les meubles austères, dans les paroles sans propriétaires qui n’en font alors plus qu’une : une certaine détresse.


    Un seul cri.


Cri répété. Peut-être morceau de piano qui articule les images, les affects et les mouvements que le film montre, ne représente pas, existe, représente alors mais montre, confus, sec, sûr. Les notes bâtissent un huit-clos, comblent dans la répétition le manque de possible offerts aux personnages organes.


Elle meurt dans son salon. Nous, les voyeurs de sa douleur - entourés des témoignages étrangers - ; ses fantasmes et cicatrices, en guise d'offrandes.



(Détruire le texte, détruire l’image, démembrer le script. Le montage envisage la présence d’un monde impossible à représenter. Le rythme de la pièce musicale de Carlos d’Alessio se perd dans ces grands paysages sans figures filmés par la main fragile de Marguerite Duras. Les ellipses et épisodes fragmentaires témoignent du vide de la vie-même et d’une esthétique de l’impossible quotidien vide, rempli de minutes seules. Minutes seules qui ne dansent pas, elles.
Le son et l’image ne jouent pas dans un rapport de complémentarité mais de différenciation et de mise en relief respectives. L’image, la scène figée est parasitée par la puissance iconique du son, de la voix, de la note ou, par renversement, l’image sonore de la scène brouille la perception naturelle du bruit.)


...











India Song est un film un tableau, une partition, un ballet, un opéra aphone. Sans nord ni sud, ni temps ni distance. Vide et mots avant l’abîme à palper sur la pellicule.