Dans le cadre d'un projet casse-gueule, j'ai sillonné Bordeaux comme une boîte à images et j'ai fais des souvenirs de la pierre. Peut-être qu'un jour (l'hiver aussi m'avait enlevé du souffle) - je reprendrais ce projet de poésie et d'architecture minime. Je mets ici quelques photos pour vous faire goûter le soleil et les yeux de Bordeaux (qui pullulent). Je vous épargne les légendes et noms des rues.
On répète toujours plus ou moins la même chose. D’où trouver une manière. On répète toujours les mêmes choses.
30 mars, 2012
Bordeaux : les yeux (1)
Dans le cadre d'un projet casse-gueule, j'ai sillonné Bordeaux comme une boîte à images et j'ai fais des souvenirs de la pierre. Peut-être qu'un jour (l'hiver aussi m'avait enlevé du souffle) - je reprendrais ce projet de poésie et d'architecture minime. Je mets ici quelques photos pour vous faire goûter le soleil et les yeux de Bordeaux (qui pullulent). Je vous épargne les légendes et noms des rues.
20 mars, 2012
pour Von Uexkull et les singes hors,
Au noir je me suis accroché et ça a duré un certain temps, ni court, ni
long. Seulement sans mémoire et défilé d’images. Je me suis coupé de l’idée
même de temps : j’étais en veille, en suspension, une seconde, dix ans, je
me suis éteinte car je devais
attendre et le noir ronfle. J'ai fais le noir. Alors quelque chose est passée qui m’a rallumé, tout près de moi et
je me suis donc décroché. C’était une jungle brune inconnue qui sentait l’urine.
J’ai sauté du haut des arbres (desquels je ne voyais rien) et je suis descendu doucement
jusqu’au sable. J’ai plongé ma tête dedans. Je me suis rempli de sang, j’ai
grossi et je meurs, d’une ligne très droite. Ça n’a pas pu recommencer.
////
17 mars, 2012
Thessalonique - 9.7.10
qu'est-ce que tu fais
je regarde
Croquer pour le neuf d'août 2010 la gare de Thessalonique sans cigales sauf coincées entre les briques et guetter le train dans la poussière.
(photos M. et textes tirés d'un carnet d'écolier corné)
11 mars, 2012
Une vieille, 110312
Le tandem marche bien, la remorque aussi - Jeanne y dort bien. On a tracé pas loin en bonne compagnie, dépassé les hangars de rive droite. Puis on est arrivé à ce qui semble être la campagne. La transition est assez douce. Nous avons mangé des rires, du fromage, du vin et les feuilles bougeaient, cachaient parfois le soleil. Nous étions en bas d'une butte, près d'une marre, en haut il y avait cette église qui ne disait rien que les heures. Et j'ai cherché où pisser - sans trouver rien qu'un coin, puis perdu dans les escaliers, j'ai juste vu quelque chose de rien que j'ai recherché après dans les appels d'une langue découpée, et c'est ici.
1
à la croisée une vieille
dame qui est une statue
2
des fleurs dessinées
sur le cou
3
elles fanent
ou dorment
4
la vieille regarde le
vert et les restes en bas
5
l'église est chaude
et autour crisse
6
la vieille a une fausse
jambe c'est du
plastique
7
en bas c'est noir
pour elle qui
8
son mari doit se
taire quelque part
9
se taire sous l'escalier
où elle dort, se réveille
09 mars, 2012
8h46
"Il est grand temps que la pensée redevienne ce qu'elle est en réalité : dangereuse pour le penseur et transformatrice du réel. Là où je crée je suis vrai, écrivait Rilke. Les uns pensent, dit-on, les autres agissent, mais la vraie condition de l'homme, c'est de penser avec ses mains. Je ne dirais pas de mal de nos outils mais je les voudrais utilisables, s'il est vrai, en général, que le danger n'est pas dans nos outils mais bien dans la faiblesse de nos mains. Il n’est pas moins urgent de préciser qu’une pensée qui s’abandonne au rythme de ses mécaniques, proprement, se prolétarise et qu’une telle pensée ne vit plus de sa création."
Denis de Rougement, extrait transcrit depuis Le contrôle de l'univers, 98, dans Histoire(s) du cinéma, J-L.Godard.
04 mars, 2012
01 mars, 2012
Se faire les poches.
Pour cartographier le quotidien, il a fallu commencer par le plus bête : de la rue bagdad-cruchinet à crevasses et carrelage salle de bain jusqu'à la machine à café très rapide qui filtre mal. On m'a fait les poches. Voici un texte sur mes poches (ce que je vous recommande de faire).
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Théoriquement, je dirais d’abord : tout noir dedans, une grande paupière ouverte en biais, un ramassis d’objets : c’est une boîte plus ou moins utile et plus ou moins trouée.
Pratique, à l’instant t donc, c’est plutôt une découverte du soir ou du petit-matin, proche de l’extinction. En plus des grumeaux de mouchoirs oubliés au précédent lavage (les petites étoiles blanches qui tombent – ne filent pas - sur le tapis), je trouve les idioties de la journée : le trousseau de clés qui danse et que je balance dans un coin (le lendemain, je râle sans cerveau), un bout de papier quelconque sur lequel sont écrits trois mots salement manuscrits (plume personnelle), un bouchon de liège (qu’est-ce que ça fait là déjà ?), des pièces un peu terreuses de 2 et 5 centimes et comme très souvent mon fidèle téléphone rouge. Parfois, assez maladivement, je ne remplis qu’une seule poche. C’est le cas maintenant.
Tous ces morceaux de jour se mélangent dans une sorte de nuit. Au fond, il y a comme une couche de miettes de pain, un tas de choses égarées, je dirais même plus, des résidus de choses égarées. Je n’y touche pas sauf lorsque j’attends, agacé, un coup de pied dans le réel, les après-midis de soleil haut et de genoux mous. Alors je gratte et cherche patiemment quelque chose. Je lève le nez. J’ai du sable sous les ongles puis je marche à nouveau, plus sûr, les mains au chaud.
Seules les poches de devant me sont d’usage. Mes poches arrières ne recèlent habituellement rien, excepté lorsque pour une raison ou une autre, celles de devant saturent, remplies de babioles et de bêtises. Ça déborde. Dans ce cas, je passe souvent une mauvaise journée. Comme avec trop de cailloux dans les poches.
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