27 mai, 2012

I Am A Curse + Moloch Monolyth - 240512



 I Am A Curse + Moloch Monolyth + Guest



Le Fiacre, une fois dans la cave, ressemble à un bateau. Il y a des hublots sur le côté de la coque en pierre. Au fond de la cale, il y a vingt pelés pas serrés mais attentifs. Je suis allé là-bas parce que c’est un ami qui organisait, il ne va pas jouer et faut croire que je suis le seul à pas le savoir. Je peux mettre seulement 1 euro dans la caisse des organisateurs car j’ai la poche trouée. Et pas de quoi boire un coup. Je payerai le quart d’un club sandwich du groupe en tournée. Cela ne me rassure pas. Ceci dit, j’ai vu deux groupes et j'en parlerais comme ça.

1. I AM A CURSE
2. MOLOCH MONOLYT
3. FIN HEUREUSE



 1.

En dedans, dès le début, il y a un nerf tendu. Un battement qui annonce la grimace d’après quand, sans mots, tu en vois un peu trop. Des moustiques dans l’oreille par-dessus les blancs. Derrière, ça gesticule. Vraiment des éclairs et des cris. C’est l’imaginaire aussi qui se disloque et n’arrête pas de se distendre, remuant parce que tu connais rien à ce que t’écoute. Je grimace, ça me tire, dans les béances, j’ouvre les yeux. Je monologue là-dessus, je plaque un tas d’images à moi. Derrière des vagues, derrière des vagues. Mordillant à petites gorgées le sable mouillé, faisant des châteaux et les herbes qui dansent et les pieds qui collent et encore faire des monstres avec les doigts, des grandes araignées, les enfants enterrés sous les vagues, encore et encore. Et il y a la musique qui traverse tes paysages ; quand la musique les traverse, que les liaisons saturent, ça veut dire que ça marche. Après, j’ai entendu crier comme dans le noir, ou comme quand on sort du noir, j’ai vu quatre types hurler à l’arraché et c’était fini. J’ai vu un tas de choses,  en voyage pendant vingt-cinq-minutes d’une violence sonore pleine d’îles auxquels s’attacher.


A la fin, j'étais donc heureux comme quelque chose comme ça, après avoir un peu basculé.


 



2.

Quelque chose de west, tape des mains, sourires contents – comme des synthétiseurs. Douceur : un bonbon après le vent fort d’avant. On fait un feu et maintenant le sable chante des ballades, ne se transforme en rien du tout. Les dernières chansons, c’était comme la fin d’un duel quand le gentil gagne, tellement gentil qu’on sait que c’est un vrai faux gentil. Oui. Pas un gentil comme des fois avec un poncho. Là, sympathique et bougre propre. J’aime bien taper des mains autour du feu et l’harmonica donc j’ai récupéré des sourires et des bonbons pendant le concert pour les emmener sur le chemin . La voiture marche très bien mais a un nom bizarro. Une musique remplie de fleurs colorées.



3. 

Puis sur la terrasse, il faisait du soleil dans la nuit et pas froid car bien entouré. J’ai parlé un petit peu et j’ai filé. Sur le retour, les gens bruyants de Victoire (jeudi soir : l’autoroute à la connerie et l’oubli) m’avaient l’air au fond pas si mal.


notes

NB (à qui j'amènerais cinq euros la prochaine fois)
http://negative-beliefs.blogspot.fr/
I Am A Curse  
Moloch Monolyth  

Photo prise à Igoumenitsa (GR), 2008 - parce que c'est vraiment quelque chose du départ vers le phare woolfien qu'il y a dans I Am A Curse.

bonus
"En tant qu'enseignante, j'étais satisfaite.
En tant qu'écrivain, je rechignais pour la forme.
En tant que rien de spécial, je pensais pan dans les dents."

Nathalie Quintane, Tomates (P.O.L), pp.46,47.
 

21 mai, 2012

16 venises (4)


16. venises
(peintures)
x6 ; la fin





 
1508 ;

la plaie du christ auréole
le blanc tissé

- 1509





**





impossible

je lui ai cassé les dents
elle bave
je lui dessine
maintenant

l'astral sur le corps





**



doigts suent
l'œuf sec casse
semence glue






**



initiation à la
transpiration murale
grâce au vers boiteux

il trébuche sur son segment
il danse dans l'eau avec
Vierge et enfants




**




Augustin, qu'elle dit, – savant et sa
discipline de cheval

peut-être qu'il voit Dieu, ou le vide
ou l'imagination toute jaune



**



jaunâtre le tronc
la mer frise

14 mai, 2012

16 venises (3)


16. venises
(peintures)
x4.
 





je cite brut
:
belle manière
sans faire de couleurs
papiers et procédés renaissants

sujet / inconnu
texte / image



**


grosse prostituée -
peau un peu flasque
se pâme devant un pays
en carton pâte



**



part du singe
:
le modelé
tout sale



**


mélange d'estomacs qui
chroment la brique rousse



10 mai, 2012

16 Venises (2)


16. venises

(peintures)
4 de plus.




 


fenêtre ouverte sur
maître Augustin :
il répond aux lettres
savant sur son bureau




**




je ne sais pas :
l'enfant voit tout fluo, il a son iconographie de sensations instantanées




**


colore nu le
monde s'
arrachant la
peau -



**


(les innovations de la chaise seizième siècle)

alors l'évêque
las
et son dos abîmé

contemple les tableaux, les putti






09 mai, 2012

16 venises (1)




Je suis retombé sur une espèce de micro-recueil de poèmes, datant de l'année dernière. Pas vraiment des poèmes, plus des traits figés, mais des poèmes-encordés, bien-sûr (tu commences à me connaître). C'était déjà le ré-agencement d'un autre texte, plus expérimental et moins caustique (le bras sous l'aisselle et l'explosion sonore rigolarde). J'ai appelé ça 16 venises et son ton, son volume et son domaine me font croire que je ne le publierais pas ailleurs qu'ici. A moins qu'un de vous ai envie de les tirer en cartes postales ou d'en sur papier recyclé jaune foncé (ce qui irait très bien avec ce travail), ou bien en faire des post-it (Bêta a d'autres projets que d'éditer des post-it, malheureusement pour eux). A vos commentaires donc (je les publierais 4 par 4 parce que je suis en dèche en ce moment).

P-S. Je ne me suis jamais rendu à Venise ceci dit (et je m'en moque un petit peu, voir beaucoup). Ce ne sont pas des poèmes touristiques bien que ce garçonnet blond, autrichien ou bavarois de faciès, m'inspire. Il a l'amour du monument et de l'habitant. Les 16 venises sont peut-être 16 pigeons perdus dans les livres de peinture.



16. venises

(peintures)




Halluciné fou et accroché aux toiles vénitiennes, j'ai scalpé dans mon atelier, sur le bois des anciens, le souvenir des couleurs pourries. Ce matin là, dans la cabane du savoir, je voyais les voix, exégèses picturales, retracer aveugles les spirituelles occupations des peintres, les couilles des mécènes, la tessiture dorée de la ville au grand manteau de lion. Les voix dans le bruit empêchaient la fuite du temps et de la poussière accumulée, maintenant visible sur l'écran blanc. Les restes projetés étaient bien ternes ce jour-là.
Alors moi, le je excité par le discours sur route qui venait de la bouche étrangère, j'ai attrapé, comme des papillons, des morceaux de ma tête envolée et des morceaux de la tête des mots tout court pour composer une petite fresque débile de la Renaissance, formes brutes et sèches - cailloux peints des enfants, retraçant l'histoire des huiles dites vénitiennes dont je ne connais aucun nom. Voici donc les venises et qu'on les laisse tranquille.



 **
 



tons dégradés giclent sur les trois philosophes







**





concert champêtre
opéra-feuillage
monsieur et madame font
la ronde





**





les mots y sonnent mal
car ils ne suent pas




**



un arbre corinthien :

très beau dit ainsi
- l'arbre et ses
fleurs de pierre