28 octobre, 2012

Monarch! - 25.10.12. Fiction : Noir devenant noir.


Concerts du 25.10.12, Heretic :  Bagarre Générale (quelque chose de Jerôme Bosh dans le trombone qui conduit la meute) + Monarch!


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Noir devenant noir (Monarch!)





1
Long vibratoire. 
Quelqu'un marche en haut pendant que l'estomac remonte. Il y a une pièce noire. Il y a une pièce noire qui a des yeux.


Il y a une pièce noire dans laquelle un enfant chante alors que la nuit crie. Alors que la nuit chante, la fille gémit, chuinte, crie, il y a une fissure sur le plancher.



2
Quelqu'un marche et les couloirs comme des couleurs où il y a des vieux tableaux sur du bois dur. Parce que c'est comme exigu, il cogne sa tête contre le sol. Ou les murs autour. Dedans, c'est un peu trop vide. Les arbres grimpent jusqu'à la fenêtre. Les pieds dehors et au cou. Long vibratoire tandis que dehors un rythme. 


Pas un tambour, une trouée.


3
Un requiem mais sans totem. 
Après, tu as encore une peau.  
Noir devenant noir.


Puis l'os -. Que tu vois et pèse. Tu ne marches vers rien. Et lentement en plus.




23 octobre, 2012

La biscotte et le Gaddis.

De bon matin. Très court passage tiré du deuxième tome des Reconnaissances, William Gaddis, p.653.


- Ta gueule, c'est une conversion de l'amour. As-tu jamais lu le grand poète Suckling ? Voilà un poème du cavalier anglais, le poète Sir John Suckling, pour toi, Stanley. « L'amour est le pet de tous les coeurs. Il vous fait mal quand vous le retenez ; il offense les autres quand il vous échappe.»

15 octobre, 2012

Suites à "Polices !". Sonia Chiambretto.


Suites à Polices !  Sonia Chiambretto. Grmx éditions.


On empile les journaux. 
Aussi de la mémoire. Et celle des discours. 
La mémoire prend de la place. 
On désagrège des morceaux de mémoire qui sont ennuyants voir embêtants  
On stocke. 
D'ailleurs ; n'est-ce pas pas en stockant infiniment que l'on peut se permettre d'oublier le plus ?  
Se permettre, ce n'est pas forcément être laxiste. 
C'est se faire dépasser, en quelque sorte. 
On ne peut pas regarder derrière avec le nombre de camions bennes d'archives. 

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Alors certains y vont. Pas à l'aveugle. Doucement. Une idée, ou deux. Qui ploient. Ils piochent au mieux pour se documenter. Les ombres de Cendrars (avec Kodak) et de Reznikoff (avec Testimony, Holocaust) aident à ré-ouvrir la brèche et s'enfoncer, lampe sur la tête. Puis cut-ups : pratiquer aux ciseaux dans la mémoire textuelle collective, ré-assembler, installer des miroirs dans la bibliothèque pour que certains fragments se lisent côte à côte. Bouger un peu les étagères grâce à des dispositifs, poétiques ou non.

C'est quoi la poésie maintenant.

Il y des écrivains bizarres. On peut pas dire vraiment des poètes. Ils n'ont pas de voix propre manifeste. Pas de ô. Pas de Je. Pas de métaphores. Peu ou pas de réflexivité. Pas des vers que l'on peut appeler vers sans hésiter un peu. Pas des mots où le vent dans les arbres annoncent la mort où, elle aussi, parle. Bizarres car au plus simples.

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Peut-être qu'il y a trop de mots et que nous avons pas envie d'en rajouter plus. Peut-être aussi que c'est comme ça, par l'agencement décalée des paroles, qu'une certaine pratique d'écriture parvient à créer, faire artifice ici, avec l'énergie sourde, silencieuse, morte du réel. La langue avec l'énergie d'une chaise. La même consistance au réel, même s'il y a toujours des mots.

J'ai envie de parler plus souvent de ces écrivains bizarres parce qu'on ne sait plus trop ce que c'est la poésie, si tout ce qui est poésie n'est pas simplement ce qu'on appelle ainsi. Eux ; ils tracent des voies.

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Chiambretto travaille en ce sens, dans le sens du réarchivage, dans le sens du : prenons la mémoire avant que quelqu'un l'utilise et que nous le sachions pas. C'est la langue du dehors dans ses rapports au pouvoir que l'on veut suivre, de tout près.

Dans Polices ! elle convoque divers évènements, situations, témoins, rapports où la pratique policière s'exerce sur le citoyen, sur le bonhomme social lambda. Il y a les manifestations de lycéens, il y a les descentes du matin quand on cogne sur les portes, il y a les procédures d'écoute du procès Papon et les écritures par-dessus, il y a les journaux, il y a des gens tabassés, de quel bord on ne sait pas. Cela donne une trajectoire de peu de mots pour penser, voir, établir - lecteur - nos rapports verbaux avec les figures de pouvoir. Cela donne aussi un livre très bizarre, un document, une focale  Pas de la poésie dans l'idée.

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Deviner quelque chose dans l'archive dégagée de la bibliothèque ; l'archive sortie hurle, pas la bibliothèque qui, trop remplie, est comme aveugle.

06 octobre, 2012

Lithium. (co. Mädemoiselle Javel, etc, Maxime Actis).





Tape sur l'image
   
     LITHIUM in Ever
de Mädemoiselle Javel (beaucoup)
de Maxime Actis (un peu).

03 octobre, 2012

5 Poèmes et exégèses offerts à Sbedy.


5 poèmes et exégèses offerts à Simon Bedy.




1. Poème sur parfois la réalité que le poème déforme.


Ça  là oui tu le sais oui ça tu le sais.

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2. Tercet sur la mort de Dieu (Philosophie et pathos).


Tu le sais. Oui, ça là, oui. Tu le oui.
Le sachant tu le tu. Oui, le sais, mais 
ça oui tu le oui, ceci tu le sais. 

-
La clé de ce poème est le savoir. Surtout la lettre s - qui est la première. Le s ressemble à un serpent comme on est heureux d'en voir les matins jaunes, quand on traîne les jambes molles et les lèvres mauves, à la recherche d'une pharmacie. Et ça clignote vert et on entre dedans en disant qu'on est un peu ballonné  que ce matin, déjà hier soir, on se sentait patraque. La pharmacienne, celle du matin, est toujours gentille et ne pose pas de question. On a aussi un peu mal au ventre. On sort et on a perdu son perrier. Tout ça pour dire qu'Adam a glissé sur une peau de banane quand il a vu le serpent. Il y a un mot qui manque au poème comme un nom au vide dans lequel on se trouve une fois le cul par terre. Le tercet exprime la sévérité de la pensée actuelle, qui le sait.


3. Poème sur les haïkus (méta)


ça là oui -
tu le sais.
oui ça mais oui tu tu le tu oui.

-
Transcription phonétique du vers ancestral de Ozoumi à propos du printemps : bégayant encore l'hiver entre les feuilles, le vent dansant entre les couches de glace. Le vers syncope lui même. Le participe présent a cela d’intéressant qu'il ne s'arrête jamais d'être hyperactif. Il fait froid.



4. Poème sur le 64 cours Gambetta (33) ou sur les fêtes de Peyrehorade (40).


"mais ça oui, tout à fait oui ça
tu le oui, ça tu sais, tu le saiiiiiis ouiiiii."

"mais ouiiiiii ra tu le sais oui ça."

"et toi là, tu le sais oui ça.
tu, oui."

tu le oui
tu le
tu.
"""".:...:

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Le poème dégénère un petit peu, comme un mauvais match du Paris Saint-Germain. Parce qu'il est très dur d'écrire un poème en 4-4-3. Il faut un milieu défensif. Ce qui est intéressant avec le football, c'est sa démocratie pure. Ibra et néné mangent aussi des pâtes le soir, pour tenir le ventre. Seule la valeur ajoutée de la bouche qui avalent change car, avec un peu de chance, ce sont les mêmes tagliatelles. A ce propos, je recopie le poème - vestiaire - poème du latéral droit sans nom : on a installé dans le parc / un immense sauna / pour mouiller le maillot / après la douche froide.


5. Poème sur rien.


et oui tu le sais ça.