01 mars, 2012

Se faire les poches.

Pour cartographier le quotidien, il a fallu commencer par le plus bête : de la rue bagdad-cruchinet à crevasses et carrelage salle de bain jusqu'à la machine à café très rapide qui filtre mal. On m'a fait les poches. Voici un texte sur mes poches (ce que je vous recommande de faire).



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Théoriquement, je dirais d’abord : tout noir dedans, une grande paupière ouverte en biais, un ramassis d’objets : c’est une boîte plus ou moins utile et plus ou moins trouée.

Pratique, à l’instant t donc, c’est plutôt une découverte du soir ou du petit-matin, proche de l’extinction. En plus des grumeaux de mouchoirs oubliés au précédent lavage (les petites étoiles blanches qui tombent – ne filent pas - sur le tapis), je trouve les idioties de la journée : le trousseau de clés qui danse et que je balance dans un coin (le lendemain, je râle sans cerveau), un bout de papier quelconque sur lequel sont écrits trois mots salement manuscrits (plume personnelle), un bouchon de liège (qu’est-ce que ça fait là déjà ?), des pièces un peu terreuses de 2 et 5 centimes et comme très souvent mon fidèle téléphone rouge. Parfois, assez maladivement, je ne remplis qu’une seule poche. C’est le cas maintenant.

Tous ces morceaux de jour se mélangent dans une sorte de nuit. Au fond, il y a comme une couche de miettes de pain, un tas de choses égarées, je dirais même plus, des résidus de choses égarées. Je n’y touche pas sauf lorsque j’attends, agacé, un coup de pied dans le réel, les après-midis de soleil haut et de genoux mous. Alors je gratte et cherche patiemment quelque chose. Je lève le nez. J’ai du sable sous les ongles puis je marche à nouveau, plus sûr, les mains au chaud.

Seules les poches de devant me sont d’usage. Mes poches arrières ne recèlent habituellement rien, excepté lorsque pour une raison ou une autre, celles de devant saturent, remplies de babioles et de bêtises. Ça déborde. Dans ce cas, je passe souvent une mauvaise journée. Comme avec trop de cailloux dans les poches.

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