Michel ZX.
« Tu ne te rends pas
compte cette perruque ! Et cette chemise idiote ! Tu vas te ridiculiser putain
». C’est ce qu’avait dit Gérard et Michel avait mal. Qu’avait-il ce postiche,
dégoté dans une friperie d’occasion pour cacher ce crâne un peu pâle ? Et cette
chemise, ne mettait-elle pas en avant les formes ventripotentes de son corps,
celles dont, depuis toujours, Gérard avait vanté les vertus orientales ? Là
Michel n’en pouvait vraiment plus. Le point d’orgue d’un seul coup. Gérard
était un homme sans tact aucun. À chaque fois on lui faisait le coup. Il
repensait à cette histoire de robe mal coupée devant le Chez Titi, il y a deux
semaines. La même chose. Quel con.
Michel pleurait presque. Quand même, il oublia. La bière
sur les genoux. Puis la soirée se passa très vite. Tout le monde regardait ce couple
étrange : deux hommes déguisés en tapis. Ce n’était pas commun, pensait-on, au Billy , lieu du raffinement de la
campagne marmandaise. « Comble de la lourdeur cette plume dans le cul ! » :
c’était la mentalité du coin. Au milieu de la nuit la foule criait. Gérard et
Michel, tapis flashis, jouaient aux rois dans le fond du club, distribuant les
bons points, les bonnes cuisses. Et clash. Boum. Ça fume tout à coup de partout
là-dedans. Tout disjoncte, crack ! Ça fume et recouvre tout le hangar coloré. On
sort en ululant, fleurs aux fesses et en panique, sur le parking de ZX.
Gérard et Michel ne dansaient plus, pétrifiés par le boum ; moins
danseurs aussi. Les moteurs qui puent chauffaient dans l’été et commençaient à
les asphyxier. Ils somnolèrent au milieu des revendications politiques des
tantes : récupérer le martini traînant près de l’entrée afin de continuer la
soirée, comme le stipulait l’habituel protocole, jusqu’au petit matin.
Sur les
clopes ça tirait fort et les doigts sentaient. Le soleil venait sur le terrain
un peu morne. À un certain moment il y eut une bagarre, bien que personne ne
sache plus à quel propos. Ni entre qui et qui.
(Première version publiée dans PB02, 2011. Remaniée. Rigoler.)
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