je n’arrive jamais à dormir bien.
je n’ai
rien demandé à personne quand je reviens de chez les copains calmes et que je veux lire et que je veux pas
que mon enfant hurle, lui ne peut pas encore dire que ça le fait chier d’entendre
sauter des mecs sur le plafond blanc.
je
monte, bonhomme.
mes
voisins jouent torse nu autour d’une table moche, ils lancent une balle de ping-pong
dans leur verre en plastique.
et ils gueulent.
ils
sont rouges. je les surprend. ça pue.
je leur
dit d’arrêter de gueuler, sans gueuler. j'utilise même pas le mot, j'utilise le mot bruit qui était, à vrai dire, assez faible pour expliquer ce qui se passait. mais à cette heure-ci, il n'y a plus de bon usage.
fermez la porte. la petite dort pas. et
la musique. s’il vous plaît. et. eux sourient mais cela ne me gêne pas. ils sont rouges. ils sont très compréhensifs aux problématiques qui semblent me cogner à ce moment-ci. comme ils doivent faire au boulot.
torse
nu ils gueulent, je veux m’empêcher de les trouver ridicules, ça marche un peu.
ils
gueulent donc, toujours.
leur
musique gueule. très mal qui plus est, la voix humide et moche des mauvaises
radios. un peu
de vomi sur le gazon reste, soit. ce n’est peut-être pas eux. je n'en sais rien au fond. c'est juste une soirée. et je viens de revenir. bon.
ils gueulent de la terrasse et ont des primes de deux-mille euros et ils bavent et ils gueulent. ils ont remplacé le mot parler par celui là, ce qui est dommage pour les trois locataires du bas mais à cette heure-ci, il n'y a plus de bon usage. on surveille pas sa langue.
deux
heures après pire. je ne suis plus persuadé que ce n'est pas une bande de cons. je sors
et :
le voisin est sorti hé. fermez juste vos gueules. fermez juste
vos gueules.sérieux. moi le
con, eux la gueule fermée
moi le con et eux la gueule fermé d'un coup et sans les pieds au dessus et plus les objets qui bougent. ils se carapatent. je note qu’il est impressionnant
que des gens aussi ivres parviennent à être aussi silencieux. moi-même n’y
arrive pas. moi le con. moi j’insulte. j'ai surveillé ma langue ceci dit : une rage grammaticale.
eux n’hurlent
plus. moi je m’insulte au fond du coussin il est une heure trente du matin.
demain matin
ils ont un costard à enfiler qui sera propre à l’envers d’eux.
la nuit
ne se repose pas dans ma tête ça hurle encore dedans j’insulte j’étais
comme obligé de devenir un con avec ma langue.
j’ai
déjà décliné une quantité folle de fois les façons avec lesquelles je pourrais les tuer une bonne fois pour
toute. ce qui m’empêche encore de dormir. je devrais peut-être ajouter, en plus de l'insulte, que j'ai la tête bancale. les souffler un peu. ce qui m'empêche de dormir.
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