Quand il fait soleil, j'écris dans ma tête. Je prépare des phrases pour après (sur un tas de sujets même). Et j'ai repêché un extrait d'un long texte écrit il y a trois ans, je crois. Un fond de tiroir car je l'avais perdu. Cela parlera à quelques-uns de mes tout proches amis (à qui je fais un énorme bisou). C'est un bloc sur les amis, sur les mains tendus en dessous qui accrochent les panards, sur les liqueurs, sur le matin où on croise des oiseaux sur les fils électriques et des oiseaux coincés entre les pavés, sur l'orange de la nuit dans des ruelles sinueuses.
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Dormir
boire fermer les yeux odeur sale répétitions infinis rire dormir boire à
nouveau arrivée et départ virée dans la nuit dans la vieille ville cafés et
terrasses vieilles femmes en marbre qui marchent richement boire pisser sous le
saule pleureur chacun sur son jouet un cheval un bateau nous ivres rire blagues
scabreuses gueuler du balcon chiens qui aboient en espagnol défilé vulgaire
café rire photographies de mode complètement deux-mille-dix boire télé-écran à
manger boire aller aux toilettes plusieurs fois se coucher dormir rigoler
respirer elle me manque tellement l’odeur relâchée des cigarettes aspirées les
yeux minuscules du matin à 14 heures porcs jouer jouer s’insulter gorge lourde
fumée sortir le soir petit peuple idiot pied-nus que l’on embarque il veut tout
détruire en agitant ses nerfs saignants le marchand paye cher sa bouteille sans
gout on rentre las d’ivresse continu il était ridicule mais il faut pas lui
dire sinon on n’a jamais fini dormir ivre café se reposer nouveau matin
toujours le même une première cigarette seul puis ensuite avec les amis debout
et se serrer car arrivée soudaine découverte agréable avec un tout nouveau
visiter la ville et alentours nous boire et rigoler jusqu’à l’heure de boire
toilettes bouchés matelas gras rage de la musique tout sec colonne psychique
Big Sur dans les choux plus aucune place encore une nouvelle arrivée et grand
plaisir les amis sont tous là oublier tout pousser les limites de l’humain du
ventre du corps du fou qui loge dans chacune des carcasses le soir arrive on
boit l’appartement qui doucement s’était rempli pendant 72 heures atteint son
plein dix douze plus je ne sais pas musique qui hurle amis aussi je suis ivre
je parle de poésie assomme mon camarade mais je me sens bien je gueule comme un
fou tout le monde gueule tout le monde boit tout brille paillettes des riens
pensées qui se perdent dans nos souvenirs brumeux sortir dans la rue
agglutinement de la foule tout le monde est complètement ivre théâtre total
avec mon camarade commentateur des métaphysiques agitées des sexes triste
spectacle j’essaye de pas m’en rendre compte les copains se dispersent on
croise d’autres pas vraiment des copains on parle de voyage je parle essaye de
replonger dans la vie je peuple mes vides de mes passions elle me manque
tellement je me sens seul un moment j’oublie je déambule souille la cage
d’escalier innocente avec un ami on rigole fort pas de bout de verre on
comprend sans dire on a chaud on se prend dans les bras on divise le monde avec
notre corps puis c’est le creux du ventre il ne se passe plus rien on boit
encore et on boit encore on se déplace je ne comprend rien on monte on déambule
je n’arrive pas à citer par-cœur je m’en excuse mais mes tripes vibrent tout le
monde semble se fâcher un peu on braille et on campe sur la nouvelle place
forte on se regarde trop besoin de respirer un petit peu on ne sait plus quoi
faire il n’y a plus trop à boire nous sommes dehors il fait un peu froid les
gens se tirent dessus ça chante mais je n’arrive pas à écouter je retrouve mon
miroir le rideau s’abat lentement sur les acteurs je bave je bave je pense je
pense à elle mais ça ne sert à rien elle ne peut pas venir je suis ivre
gangréné je suis loin on s’interroge je retrouve la bande sur un banc nous
sommes serein nous nous aimons assez je crois les flics arrivent je donne
l’alerte plus un prétexte pour se déplacer mais je ne m’en souviens plus on se
déplace tous d’un seul coup et on se retrouve au bord d’un pont elle est haute la Nive ivres tout le monde fin
de soirée anicroches déjections de foie des amis on trouve ça triste trop
fatigué pour réagir aux mouvements d’émotions alors on salue le microcosme et
on s’en va on rejoint l’appartement crade que l’on a laissé cinq heures plus
tôt ils veulent manger ils ont raison je veux lire je ne peux pas je ne sais
plus lire que dans mon cœur cou-coupé qui ferme la danse on mange le
poète-métaphysicien s’endort seul sur son canapé on rit de lui un rire fin
presque intelligent un rire qui aime un ami on parle je ne sais plus trop de
quoi mais ce sont des prières les retardataires arrivent on leur sourit on rit
on fatigue il est tard presque matin et c’est l’esprit aux commandes emmêlées
que l’on s’endort pour une nuit pauvre et sans véritable devenir.
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