23 juin, 2011

Hiroshima mon amour - Alain Resnais

(Hiroshima mon amour, 1959 - sur lequel tant de choses ont été écrites, je me fais conteur, spéculateur amoureux d'un film fascinant, pas plus...)





Les corps cherchent, se cherchent, sous les flocons nucléaires. Enfermés dans la chambre, des corps de fantômes et deux voix se perdent l’une dans l’autre. Le film s’ouvre sur un monde meurtri à jamais : la chair, la bombe, la honte d’être homme ; qu’on le veuille ou non. Les garde-fous sourds. La vie-même des amants en est la preuve et le témoignage : ils ont survécus, simplement, naturellement, à la barbarie.

Nous sommes voyeur de ce nid d’amour éphémère, nid de mort entre deux âmes perdues : Elle et Lui. Nous découvrons Hiroshima dans un rêve, cachée par le brouillard et nous entendons seulement la voix d’Emmanuelle Riva. Une mélopée dans le silence. Sa voix, fil de la mémoire, articule l’objet cinématographique.







Les corps se recouvrent, se mélangent ; ils s’étreignent pour oublier leurs malheurs, pour farder la découverte d’une bestialité toute culturelle, toute humaine. Les amants vivent dans un monde, une chambre, où plus aucune fenêtre ne leur permet de s’échapper.

 

Ce corps charnel, en demande, remplace le souvenir, tente de sublimer une déchirure maintenant recousue.







« Tu me tue, tu me fais du bien ».



Nevers veut voir son corps « déformé jusqu’à la laideur » afin que chacun puisse voir à quel point la folie a pu prendre corps dans les entrailles de cette jeune femme, maladroitement amoureuse en 45 de ce que les autres avaient appelés l’ennemi. Le frère parfois. Amour qui fut intense tant l’émotion et la jouissance innocente qu’il procurait étaient grandes. Un amour rongé par l’histoire - à son tour détruite.

Le corps oublie car il survit irrémédiablement.





On ne meurt pas d’amour. Mort de l’amour. Ainsi, elle abandonne ses douleurs en l’autre et dans cet asiatique, elle ne trouve que l’allemand d’avant. L’étranger. Alors doucement, il meurt à son tour, il n’est plus qu’une trace : pour elle, il n’est d’ailleurs plus qu’un souvenir, accompagné de sa souffrance - quelques miettes de vie. Il n’est que le poison avec lequel elle souhaite retrouver la mort.





1 commentaire:

Vladimir a dit…

"Ils portèrent l'étranger dans la chambre des morts [...]"

Trakl